La représentation transidentitaire dans Ranma 1/2

Quand j’étais plus jeune, comme la plupart des gens de ma génération, je regardais le Club Dorothée. L’émission par laquelle les mangas sont arrivés chez nous (louée soit-elle). Contrairement aux autres, et même si j’aimais Dragon ball et Sailor Moon, je me suis de suite passionnée pour un autre anime. Un anime drôle, absurde, avec un panel de personnages tous plus allumés les uns que les autres. Je l’aimais tellement que tous les deux mois, ma grand-mère m’offrait les mangas. L’édition cartonnée de l’époque, je la connais par cœur, je peux même dire dans quel tome se passe tel évènement. 

Je parle bien sûr de Ranma ½, écrit par Rumiko Takahashi, l’une de mes mangakas préférées (mais pas la seule). Le seul et unique manga que j’ai lu, lu et relu. Parce que la vie est trop courte et les bibliothèques bien trop grandes pour lire toujours la même chose. Je le connais donc très bien. 

En revanche, ce que je ne connais qu’en théorie, ce sont les questions LGBTQIA+. C’est pourtant ce dont nous allons parler ici. Donc en cas de maladresse, ne m’insultez pas, expliquez-moi posément en quoi je me trompe. Pour être claire, je vais vous parler des trois personnages qui, pour moi, sont emblématiques des questions queer dans cette œuvre. 



  • Ranma lui-même. Pour ceux qui ne connaissent pas ce manga (mais courez donc le lire !), l’histoire de fond est assez simple : Ranma Saotome, spécialiste des arts martiaux, a été fiancé par son père à Akane Tendo, elle aussi pratiquante. Or, lorsqu’il arrive chez les Tendo, sa belle-famille découvre qu’il a eu une mésaventure lors d’un entrainement. Après être tombé dans une source d’eau maudite, il a acquis la capacité de se métamorphoser en fille. Eau froide pour se transformer en fille, eau chaude pour redevenir un garçon. Au début je pensais que c’était un bon exemple de la non-binarité, car il peut changer de sexe selon sa volonté jour après jour. Cependant, à bien y réfléchir, je pense plutôt que c’est un personnage qui manifeste parfaitement la différence entre le corps physique d’une personne et son genre. En effet, quand Ranma est une fille, jamais il n’agit comme tel. Quelle que soit son apparence, quels que soient les vêtements qu’il porte, il reste un garçon, au fond de lui. D’ailleurs, rien dans son attitude ne permet d’en douter. Sauf quand ça l’arrange. Mais ça, c’est plutôt à cause de sa fourberie, et c’est une autre histoire.


  • Ukyo. Elle arrive assez tardivement dans l’histoire. Lors de sa première apparition, et pendant quelques chapitres, c’est un personnage qui adopte des vêtements, une attitude et une apparence masculine. Or, ainsi que Ranma le découvre (mais pas avant de l’avoir combattue) il s’avère qu’Ukyo a toujours été une femme. Après avoir été abandonnée par Ranma (à qui son père l’avait fiancé, Genma n’a aucune moralité) elle a fait une croix sur sa féminité. Elle adopte donc tous les codes du genre masculin. Puis, lorsqu’elle reprend les codes féminins, ce n’est que légèrement et cela ne change rien à sa personnalité.  


  • Tsubasa. Ce personnage secondaire (il n’apparait qu’une fois) complètement loufoque est passionné de déguisements. Il est fou amoureux d’Ukyo et, soyons clairs, c’est un harceleur. Ce que personne n’a dit au moment où ce personnage fait son apparition, c’est qu’Ukyo l’a rencontré dans son ancienne école. Qui était une école pour garçon. Or, Tsubasa s’habille en fille, ressemble physiquement à une fille et agit en fille. En revanche, sa psyché reste masculine. Dans un sens, il me fait penser aux drag queens.

Rumiko Takahashi avait déjà abordé cette thématique avec une kunoichi qui était en fait un homme fier de sa beauté féminine dans Lamu. D’ailleurs, elle dit elle-même que ces questions-là l’ont toujours intéressée. 

Chez Ranma, tout ça est enveloppé dans une gangue d’absurdité dont je ne me lasse jamais. Sans doute y a-t-il des maladresses et des choses qui ne correspondent pas à la réalité, mais il ne faut pas oublier que ce manga est ancien, écrit dans un pays et dans une culture différente du nôtre et, surtout, que la transidentité n’est pas réellement l’objet de ce manga. Il sert surtout à un développement comique permanent au travers de personnages hauts en couleur. Sur ce point, Ranma à lui seul n’est pas en reste. 

Depuis peu une nouvelle série a commencé à sortir sur Netflix. Je ne l’ai pas encore vue, parce que je suis une bing-watcheuse et que j’aime tellement cette série que je ne peux pas regarder un seul épisode ! J’espère qu’elle rectifie et actualise certains défauts de la série… dont un énorme dont on parlera la semaine prochaine !