Retour sur les ateliers d'écriture du printemps

Au mois d’avril, nous avons travaillé sur le thème du printemps. Cette fois-ci, nous n’allons pas parler de tous les ateliers. Nous allons nous concentrer sur l’un d’entre eux, celui consacré au renouveau. 

L’une des choses sympas dans les ateliers, c’est de voir la diversité des interprétations. En partant du même mot, avec le même exercice, nous pouvons tous produire un écrire totalement différent. La preuve avec ce thème. Dans mon esprit, le renouveau printanier correspond aux fleurs qui bourgeonnent, aux oiseaux qui reviennent et à la chaleur qui fait son apparition. Pour l’un des participants, c’était tout l’inverse ! Par son parcours de vie, le renouveau printanier lui rappelait les glaces du Groenland, les ours polaires et les phoques. Autant dire que nous étions tous étonnés. 

Cet atelier était scindé en deux parties avec deux fois le même exercice (l’emboitement puis le récit), de façon à raconter une histoire complète. Ainsi, le premier exercice, celui de l’emboitement, est formé sur le modèle de Paul Eluard et de sa poésie « Dans Paris ». 


Chacun devait donc imaginer une plongée dans le détail d’une scène. Certains sont partis du cosmos, d’autres de la planète Terre. D’autres ont fait plus simple et ont débuté leur scène dans une ville. C’est mon cas, avec l’exemple ci-dessous : 

Dans ma ville, il y a un coin de campagne. 

Dans ce coin, il y a une maison. 

Dans cette maison, il y a un jardin. 

Dans ce jardin, il y a un arbre. 

Sur cet arbre, il y a une fleur. 

Dans cette fleur, il y a des pétales. 

Entre ces pétales, il y a une abeille. 

Sur cette abeille, il y a du pollen. 

Ceci étant écrit, il faut maintenant développer une histoire en lien avec ce texte, même s’il n’est pas forcément nécessaire de reprendre toutes les étapes les unes après les autres. Contrainte supplémentaire : il ne faut jamais nommer le narrateur. Le lecteur doit comprendre de qui il s’agit par les différents détails disséminés dans le texte. 

Exemple : 

« Distinguer les couleurs n’était pas son fort. Elle, ce qu’elle préférait, c’étaient les odeurs. Fortes, sucrées, enrobée dans les rares teintes qu’elle arrivait à reconnaitre. À l’odeur, elle savait qu’elle allait trouver son bonheur. Du nectar collant et sucré, du pollen, tout ce qu’il fallait pour contenter sa ruche et sa reine. Elle volait de ses ailes fragiles en direction de l’odeur qui l’attirait. Du cerisier. Elle ne voyait pas la couleur de sa petite fleur, en revanche, elle distinguait avec précision son cœur, de la même couleur que ses propres rayures. Alors, elle se posait sur cet espace ensoleillé, qui commençait à butiner les minuscules grains dorés qui s'accrochaient déjà à elle. » 


Deuxième partie de la scène : que se passe-t-il pour cette abeille une fois qu’elle a butiné sa fleur ? Cette fois-ci, il faut prendre du recul pour voir ce qu’il se passe : 

Le pollen s’accrocha à l’abeille 

L’abeille décolla des pétales 

Les pétales décollèrent de la fleur 

La fleur tomba de l’arbre 

L’arbre tomba dans le jardin

 Le jardin tomba de la maison 

La maison quitta le coin de campagne 

Le coin de campagne quitta ma ville 

Comme pour la première partie, il est l’heure de développer. 

« Lorsqu’elle fut repue, les pattes chargées de son trésor doré, elle activa ses ailes pour retourner chez elle. Son décollage arracha des pétales de cette fleur à la couleur indistincte. Elle volait et ne pouvait capter le son de la fleur qui se décrochait derrière elle. Peut-être n’avait-elle aucune ouïe. Alors qu’elle retournait dans sa riche, de grosses gouttes d’eau s’abattirent sur elle. Elle percevait au creux de son corps le grondement du tonnerre. Comme elle se mettait à l’abri, l’arbre qui avait abrité le pollen qu’elle transportait s’effondra. Le sol glissa entre ces racines désormais inefficaces. Ce fut d’abord un peu de terre, puis beaucoup, puis tout le jardin qui, fragilisé par la chute de l’arbre, coula le long de la route. La maison commença par se remplir d’eau avant que les intempéries, trop puissantes pour ses vieilles fondations, ne la fasse s’écrouler à son tour. Les ruines furent emportées par le courant, loin de leur point de départ. Elles quittèrent la campagne pour s’enfoncer dans le fleuve, dont le courant les emporta loin, très loin de la ville. » 

Cet atelier, vous pouvez le faire aussi chez vous 😊Si vous le faites, n'hésitez pas à partager votre production avec moi, sous ce post, ou par mail!




Rêve de plume