Retour sur les ateliers d'écriture sur les émotions

Au mois de mars a eu lieu une session de 5 ateliers d’écritures sur le thème des émotions. Ces ateliers ont été mis en place suite à la demande d’une association d’aide aux victimes à destination des femmes qu’elles reçoivent. J’ai décidé de travailler sur le thème des émotions, en alternant émotion positive et émotion négative, ainsi qu’exercices autobiographiques et exercices créatifs. Petits exemples des productions réalisées durant ces ateliers :

1er atelier d’écriture 

Thème : Le bonheur 

Objectif : égayer chaque journée 

Inspiration : Pollyanna d'Eleanor H. PORTER 

Exercice d’écriture principal : Journal intime à rebours

« J-1 Il pleut. Les nuages gris déposent sur le paysage une ambiance morose. Le monde semble à l'arrêt : pas de chants d'oiseaux, pas de gens qui parlent, peu de voitures qui passent. De temps en temps, une bourrasque plus forte que les autres se fait entendre, balayant les arbres et projetant les innombrables gouttes de pluie vers l'avant. C'est une ambiance grise et triste, peut-être à cause de son manque de lumière. Pourtant, c'est  une ambiance qu'il m'arrive d'apprécier. C'est dans ces jours-là que je me blottis sur le canapé, mes enfants serrés contre moi. Nous regardons un film, un vieux dessin animé que je connais par cœur et qu'ils regardent pour la première fois. C'est un de ces moments de paix, où nous oublions le monde extérieur pour n'être qu'entre nous. Un de ces moments qui restent gravés dans ma mémoire pour leur tendresse et leur douceur. »

2e atelier d’écriture 

Thème : La peur 

Objectif : dédramatiser sa peur et celle des autres 

Inspiration : moi-même 

Exercice d’écriture principal : se mettre à la place d’autrui (réflexion guidée)

« La pluie tombe, les éclairs illuminent ponctuellement la nuit installée par les nuages sombres, le ciel gronde sa colère. C'est ce bruit de tonnerre dont certains ont peur. Comme toutes les peurs, elle est difficile à comprendre lorsqu'elle ne nous touche pas. Avoir peur du tonnerre, c'est avoir peur de l'inconnu. La surprise d'un son puissant qui peut détonner à n'importe quel moment. Impossible de se raccrocher à la lumière des éclairs : ils ne sont qu'un signal que le tonnerre va suivre, mais quand ? Ce bruit effraie les enfants autant que les adultes. Même lorsque l'on connaît la science, la peur est toujours présente. Comme toutes les peurs, elle est incontrôlable. Raisonner ne suffit pas. Le tonnerre gronde jusque dans nos entrailles. Comment cesser d'en avoir peur ? Raconter des histoires autour du tonnerre, peut-être ? L'assimiler au bruit de chevaux lancés au galop ? À l'humeur de Zeus, Thor ou toute autre ancienne divinité dont les histoires ont perduré jusqu'à nos jours ? Discuter avec le ciel ? L'engueuler lorsqu'il nous effraie ? Lui demander pendant combien de temps encore il sera en colère ? Se dire que la pluie qui l'accompagne est bénéfique à la nature ? Que lorsqu'elle se sera arrêtée, aussi fort qu'ai grondés les nuages, nous pourrons sauter dans les flaques, chercher des empreintes d'animaux dans la boue, écouter le bruit d'une rivière soudainement remplie ? »

3e atelier d’écriture 

Thème : La sérénité 

Objectif : ne pas laisser son influence altérer son humeur 

Inspiration : l'hypnose 

Exercice d’écriture principal : imaginer son lieu refuge (scène guidée)

"Le sable s’étendait sur la plage jusqu’à rencontrer l’eau froide et glacée de la mer. La crique était encerclée de hautes falaises. À quelques mètres se trouvait une plage de galets et de grands rochers moussus s’élançaient dans l’eau. Le silence n’était brisé que par le bruit du ressac. Je me trouvais sur la plage avec mon compagnon. Lui aussi gardait le silence en observant la mer. Le ciel s’assombrissait doucement. Les nuages gris donnaient une ambiance différente au lieu. Plus lourde. Mais pas pour autant désagréable. Puis, la pluie se mit à tomber. Mon compagnon et moi nous empressâmes de trouver un endroit où nous abriter. À l’abri d’une avancée dans la falaise, nous observâmes la pluie tomber. Nous avions la sensation d’être seuls au monde. C’était ça, mon lieu refuge."

4e atelier d’écriture 

Thème : La colère 

Objectif : ne pas se laisser dépasser par ses émotions 

Exercice d’écriture principal : s’expliquer ce qui nous mets en colère et pourquoi (réflexion guidée)

"L’une des choses qui me mets en colère, une véritable colère grondante et débordante, c’est le mépris. Je n’ai jamais été méprisée que par des hommes, et toujours dans le cadre professionnel. Alors même que ces hommes venaient solliciter mon aide. Dès l’instant où je ne leur donnais par la réponse qu’ils attendaient, ils se dressaient, regard noir, lippe méprisante. Leurs propos s’accordaient avec cette nouvelle attitude, bien loin de leur sourire et de leur amabilité alors qu’ils pensaient obtenir ce qu’ils voulaient de moi. Lorsque je leur faisais remarquer que cela ne changerait rien à ma réponse, et que, de surcroit, leur attitude mettait fin à notre entretien, ils optaient soit pour l’incompréhension, soit pour la colère. Ce mépris continue à me mettre en colère. Parce que ces hommes ont l’impression d’être meilleurs que moi. Que leur attitude leur permettra d’obtenir ce qu’ils veulent. Que me rabaisser et nier mes compétences annihilera leurs propres émotions face à mes réponses. Et pourtant, ils avaient besoin de mon aide. Pour l’heure, ma seule solution face à cette montée de colère, une fois seule, est de m’agiter. De râler. De dire à qui veux l’entendre ce qu’il s’est passé et pourquoi ça me met tellement en colère. Récemment, j’ai entrepris d’utiliser des exercices de respiration, mais ils ne sont efficaces qu’une fois que ma colère a déjà baissé."

5e atelier d’écriture 

Thème : L'amour 

Objectif : travail de description

Inspiration : Le baiser de Klimt 

Exercice d’écriture principal : Description et émotions

"L’atmosphère était dorée, comme si la scène se passait sur un fond de ciel de nuit submergée d’étoiles. Le couple se trouvait à genoux au bord d’une falaise fleurie. Le visage de l’homme, dont l’attention était entièrement tournée vers sa compagne, était impossible à distinguer. Ses deux mains bronzées étaient posées sur la gorge de la femme, tournant son visage de façon à baiser sa joue avec tendresse. La femme le serrait contre lui, sa peau pâle ressortant bellement sur la peau de son amant. Ses épaules relevées la rapprochaient de lui. Leur étreinte n’en était que renforcée. Leurs yeux fermés leur permettaient de se plonger dans l’instant, oubliant l’endroit même où ils se trouvaient. La couverture qui les recouvrait tous deux les isolaient du monde et du regard d’autrui. L’instant n’appartenait qu’à eux."